Chronique du SIEL : le processus de création du futur Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative, l’engagement politique et la question de la censure marquent les débats de la 4ème journée
Le débat s’est poursuivi au stand du CNDH lors de la quatrième journée de la 18ème édition du salon du livre qui a ouvert ses portes le vendredi 10 février 2012 à la Foire de Casablanca. Le CNDH, qui, rappelons-le, tient un stand commun avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, le Conseil de la concurrence et l’Instance centrale de prévention de la corruption.La première conférence organisée au sein de l’espace rencontre s’est penchée sur la question du Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative, une institution qui sera créée en vertu de la nouvelle constitution. Quatre intervenants représentants des associations de jeunes ont, le temps d’une rencontre, jeté la lumière sur les enjeux de la création de ce Conseil, en termes de représentativités et d’objectifs. De quelle institution avons-nous besoin en vue de répondre aux aspirations des jeunes à tous les niveaux, politique, économique, social et culturel ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les intervenants, partant du fait qu’il y a une quasi absence des jeunes à tous les niveaux de la gestion de la chose publique, et de la nécessité de voir le projet des jeunes faire partie intégrante du projet sociétal et démocratique auquel aspire le Maroc.
Les intervenants ont conclu à la nécessité de lancer un large débat autour de la création du Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative en vue de déterminer ses missions, ses outils de travails, ses stratégies d’action et ses mécanismes de représentativité en prenant en considération la démographie associative au Maroc qui compte aujourd’hui plus de 50.000 associations.
Ce même espace de rencontres a abrité, durant cette même journée, un débat dans le cadre du printemps arabe animé par la journaliste Sanaâ El Aji. Mme Rahma Bourquia, sociologue, Omar Radi et Lina Ben Mhenni, tous deux membres du mouvement du 20 février se sont penchés sur la question de l’engagement. Mme Bourquia a annoncé la couleur en mettant en exergue la disparition des formes classiques d’engagement dans notre pays.
« Les partis politiques, qui étaient le seul espace d’expression durant une certaine période de l’histoire du Maroc, connaissent aujourd’hui un déficit en termes d’attractivité envers les jeunes ». Résultat : d’autres niveaux d’expression politiques sont apparus, dont la société civile qui réussit à véhiculer des idées, des messages et des idéologies politiques. Mais pas uniquement, il y a aussi l’internet et les réseaux sociaux qui ont été massivement investis par les jeunes. C’est le cas des militants du 20 février qui ont rejeté les formes classiques d’engagement et opter pour le cyber militantisme, avec tout ce qu’il comprend comme risques de circulation de fausses idées et informations. « Cette diversité dans l’espace d’expression du politique et la libéralisation de la parole a fait que l’espace publique est devenu espace d’expression politique ».
L’autre moment fort de cette journée a été la conférence sur le thème « fiction et censure : quel statut pour l’imaginaire », avec notamment Abdellatif Laâbi, Abdellah Taïa, Jaouad El Benaissi. Au de-là des expériences personnelles de chacun des intervenants avec la censure, cette rencontre a eu le mérite de poser la question du droit à l’expression et à la liberté de parole dans sa globalité. Abdellatif Laâbi qui s’est longuement arrêté sur l’interdiction de l’ouvrage de Mohamed Laftah ressentie comme « une atteinte à la mémoire d’un écrivain qui fait partie du patrimoine universelle » a posé la question du pourquoi de la censure. Il est temps, a-t-il dit, que la question de la censure qui se fait en toute opacité, soit posée en toute transparence. Elle doit être gérée, encadrée et organisée. « Je suis pour la censure, mais celle qui réprime la haine et non celle qui limite la liberté de pensée et de création » a-t-il dit.